New York Odyssée, Kristopher Jansma







Un roman somptueux, subtil et émouvant écrit avec une plume fine et sensible, un bel hommage à la littérature.

L'originalité de ce roman (et sa subtilité) réside dans sa trame, calquée sur L'Iliade et L'Odyssée d'Homère et référence constante dans le roman, y compris pour les protagonistes.
Une première partie calquée sur L'Iliade (et placée sous les auspices de la première loi de Murphy) de par son thème et sa longueur, débute au Wardolf Astoria, au sommet de Manhattan (au sommet tout court). Une première partie plus longue que la deuxième (L'Iliade) et donc en tout point similaire à la référence visée.
Quatre jeunes gens dans la vingtaine, auquel un cinquième va se greffer, sont venus à New York pour la conquérir. Ils attendent tout de cette ville à la vie attrayante bien que surfaite. Ils se connaissent depuis l'université et constituent une famille de coeur dont le pivot, le ciment est Iréne, artiste charismatique officiant dans une galerie d'art.
Il va y être évidemment question d'une guerre (comme dans L'Iliade) d'un genre particulier, une guerre qui concerne Irène dans sa chair.
Une fois cette guerre menée, la deuxième partie est consacrée à ses conséquences sur chacun, à leur traversée du deuil et du chagrin.
Autour d'Iréne, il y a Jacob, poète, qui tente de soigner des adolescents dépressifs avec les poèmes épiques d'Homère. Il y a Sara, éditrice, George, astronome, alcoolique refoulé, qui pleure une étoile qui s'effondre et William, banquier d'affaires, l'amoureux timide.
Le destin va venir les frapper et ils vont ainsi sortir de l'enfance (dans laquelle chacun se croit "spécial") pour être projeté dans la vie adulte et ses désillusions.
Car le roman traite du désenchantement, leur propre désenchantement et celui du monde.
New York est le sixième personnage de ce roman, figure démiurge, remplaçant les dieux multiples de L'Iliade, choisissant de frapper à sa guise et décidant de leur destinée.
Kristopher Jansma, né en 1982, donne au lecteur un deuxième roman à la plume affirmée, précise et juste. Un roman dans la veine des grands auteurs américains certes, mais qui s'en éloigne pour se placer sous l'influence d'Homère et de ses poèmes épiques. L'auteur mélange habilement poésie épique et modernité. Les analogies y sont subtiles, les images et métaphores d'une justesse saisissante, pour conter au lecteur l'entrée dans l'âge adulte et la tristesse d'une époque.
Et Kristopher Jansma est un fabuleux conteur.
Il prend son temps pour nous présenter les personnages. Il en résulte une empathie et un attachement qui ne vont plus quitter le lecteur. Il émane de cette "épopée" beaucoup de tendresse, de la dérision et une sincérité désarmante. Sincérité qui provient sans doute de ce que ces 600 pages ont été écrites en hommage à la soeur de l'auteur qui a mené le même combat qu'Irène. Un hommage qui sonne juste de la première page à la dernière.

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